Les chauves souris
On croit souvent que les chauves-souris sucent le sang et s’agrippent aux cheveux. Ce sont pourtant des créatures inoffensives, utiles et attachantes, trop souvent victimes des croyances et des fausses conceptions des humains.
Elle est maintenant menacée, entre autres, par la destruction de leurs gîtes, de leur habitat, des pesticides et même des activités récréatives comme la spéléologie qui contribuent en effet à réduire les populations de chauves-souris.
Comptant près de 900 espèces, les chauves-souris sont, au nombre des mammifères, les plus diversifiés et les plus répandus. Elles habitent tous les continents, à l’exception de l’Arctique et de l’Antarctique. Autre caractéristique : leur aptitude au vol qui les distingue de tous les autres mammifères.
Elles participent à l’équilibre écologique. La plupart d’entre-elles sont insectivores, mais certaines sont frugivores, pollinisent ainsi les fleurs et disséminent des graines dans tout un éventail d’écosystèmes, du désert à la forêt tropicale humide. Quelques espèces se régalent de poissons, de grenouilles et même de sang. Il n’existe que trois espèces de chauves-souris hématophages. Elles vivent en Amérique centrale et Amérique du Sud. Contrairement à la croyance populaire, ces chauves-souris préfèrent le sang du bétail, des chevaux et des oiseaux à celui des humains !
Les chauves souris font parties de l’ordre des chiroptères, mot qui signifie “ailes en forme de main”, regroupant dix huit familles.
Étant comme nous des mammifères, nombre de leurs caractéristiques nous sont communes. Pourvues d’un pelage, elles donnent naissance à des petits qu’elles allaitent jusqu’à ce qu’ils soient assez âgés pour devenir autonome. Leurs ailes, très semblables à des mains humaines, sont formées de deux couches de peau et comportent un pouce et quatre doigts.
Elles comptent le même nombre d’os mais les ailes sont beaucoup plus grandes proportionnellement au corps. Ce sont des mammifères capables d’entreprendre de grandes migrations automnales et printanières grâce à leur capacité de voler.
Pour résister à l’hiver, d’autres ont recours à l’hibernation en baissant la température de leur corps pour ralentir leur activité métabolique. L’accouplement a lieu en automne avant l’hibernation. Les spermatozoïdes sont alors stocker dans les voies génitales de la femelle et l’ovulation puis la fécondation ne se produisent qu’au printemps suivant, suivies de la gestation proprement dite. Le rythme de développement de l’embryon dépend de l’alimentation et de la température. Si le temps est froid, la femelle entre en léthargie et le développement ralentit considérablement, augmentant ainsi la durée de la gestation. À ce stade, les femelles gîtent généralement en groupe et donnent habituellement naissance aux petits entre la fin mai et fin juin. Ces colonies de maternité peuvent regrouper plusieurs centaines de femelles et leurs petits. Les mâles tendent de s’abriter dans des endroits plus frais, seuls ou en petits groupes. À la naissance, le petit pèse environ le quart du poids de la mère. Dès l’âge de trois semaines, les jeunes ont presque atteint leur taille définitive et certains commencent déjà à voler. Leur mère continue de les allaiter quelques semaines jusqu’à ce qu’ils puissent attraper eux-mêmes des insectes. En août, ils sont presque indépendants, mais doivent suivre les adultes pour apprendre à trouver les gîtes et les aires d’alimentation.
Le saviez-vous ?
Lorsque les chauves-souris hibernent, elles sont extrêmement vulnérables car il leur faut un laps de temps assez long pour redevenir actives. Le bruit et la lumière les dérangent facilement, et peuvent utiliser une partie de leurs précieuses réserves de graisse dès qu’elles s’éveillent. C’est pourquoi les populations de chauves-souris s’effondrent souvent lorsque leur hibernation est interrompue.
Concernant la vue, toutes les chauves-souris peuvent voir et ont des yeux fonctionnels. Les roussettes (chauves-souris frugivores) jouissent même d’une excellente vision qui leur sert, en plus de leur très bon odorat, à trouver des fruits mûrs et juteux. La plupart des chauves-souris se servent également du sonar, appelé aussi écholocalisation, pour «voir» à l’aide de sons car les chauves-souris chassent la nuit et c’est généralement au moyen du sonar qu’elles repèrent leurs proies. Elles émettent des sons qui percutent les objets et leur reviennent sous forme d’échos. En comparant les signaux originaux avec les échos, elles peuvent identifier ces objets et en déterminer la position et la vitesse de déplacement.
Les chauves-souris sont les principaux prédateurs des insectes volants nocturnes et jouent un rôle vital dans le contrôle de nombreux insectes nuisibles. Une seule petite chauvesouris brune peut en effet dévorer son propre poids d’insectes en une nuit, ce qui peut se traduire par l’élimination de 600 insectes à l’heure! Durant les mois d’été, il suffit donc de quelques-unes de ces créatures pour réduire, avec beaucoup d’efficacité, le nombre d’insectes autour de votre maison ou de votre chalet. Les impulsions d’écholocalisation sont produites par vibration des cordes vocales, au niveau du larynx, et elles sont émises par la bouche ou le nez. Certaines espèces sont pourvues d’un appendice facial contourné, appelé feuille nasale, qui peut servir à focaliser et à orienter les sons émis par les narines. Il existe des chauvessouris pêcheuses au sonar très perfectionné. Elles peuvent détecter la nageoire d’un méné d’herbe (Notropis bifrenatus) aussi fine qu’un cheveu humain, même si elle émerge d’à peine 2 mm de la surface d’un étang.
Pourquoi protéger les chauves-souris ?
Peu de gens savent que les chauves-souris contribuent de plusieurs manières à maintenir l’équilibre des écosystèmes. Des colonies de chauves-souris peuvent dévorer chaque soir des tonnes d’insectes, au grand bonheur des agriculteurs. De plus, la présence d’une colonie de chauves-souris à proximité d’un verger peut réduire de 50 % l’utilisation de pesticides. Dans d’autres pays du monde, les chauves-souris participent à la pollinisation des plantes et à la dissémination des graines. Les bananes, les pêches, les dates et les mangues sont quelques exemples de fruits qui dépendent des chauves-souris pour la pollinisation.
Certains cactus, faute de chauves-souris pour assurer leur pollinisation, ne pourront pas produire de fruits.
En Amérique du Nord, les chauves-souris pollinisent plus de 60 espèces d’agaves, dont celles qu’utilise l’industrie mexicaine de la tequila ! Les chauves-souris frugivores des régions tropicales contribuent au processus de reforestation en disséminant et en amorçant la germination des graines. Certaines espèces de plantes sont mêmes incapables de germer à moins que leurs graines aient traversé l’appareil digestif d’une chauve-souris !
Sources :
Inventaire de la faune sauvage en France, éd. NATHAN
Encyclopédie des animaux, éd. SUCCES DU LIVRE
Programme de protection des chauves-souris, Biodôme de Montréal et zoo de Toronto
www.chauve-souris-auvergne.fr